Excédés par le bruit des visins du club de padel vont en justice

C’est un sport en pleine expansion : le padel, à mi-chemin entre du tennis et du squash, compte chaque année de plus en plus d’adeptes. Mais ce sport que l’on pratique en double en faisant rebondir la balle contre des parois vitrées est aussi plutôt bruyant. Si bien qu’à Estaimpuis (Hainaut), le sort des nouveaux terrains de padel se règle en ce moment en justice devant le tribunal de première instance de Tournai. L’avocat d’une riveraine y réclame ni plus ni moins que la démolition de trois terrains de padel situés au centre du village depuis mars 2022.

 

Lors de l’audience ce lundi, cette riveraine et le gérant de l’Estaim’Padel Club se retrouvaient devant le juge pour régler leur litige. La plaignante reproche au club de padel des nuisances sonores tous les soirs de la semaine, ainsi que les week-ends et les jours fériés. Un problème qu’elle n’avait pas pu anticiper puisqu’elle a acheté la maison voisine en plein cœur d’Estaimpuis – « dans un quartier calme et paisible » – juste avant que le permis de construire pour trois terrains de padel soit octroyé par le fonctionnaire délégué wallon en octobre 2021.

Vidéo à l’appui, son avocat Me Melchior décrit au juge le quotidien de cette famille depuis que le padel s’est pratiquement installé dans son jardin, à 3 mètres de sa propriété ; des bruits de raquette qui frappent la balle, des cris de frustration et de joie des joueurs, le tout jusqu’à 22 heures. Un enfer « surtout avec des enfants en bas âge. » Avec, selon lui, des conséquences sur la santé : « Un médecin a diagnostiqué des troubles anxio-dépressifs, des angoisses liées à une dette de sommeil. On est en présence d’enfants qui ont le droit de vivre dans un environnement sain. Ils n’arrivent pas à se reposer à cause du vacarme. »

Même si le bourgmestre d’Estaimpuis Daniel Senesael (PS) a pris un arrêté pour limiter les horaires d’ouverture du padel, les nuisances demeurent. Dans la longue liste des griefs contre le bruyant voisin, la riveraine pointe également un préjudice financier : depuis l’arrivée du padel la valeur de la maison aurait baissé de 70 mille euros, « on ne pourra jamais la revendre, on n’en dort pas la nuit », confie-t-elle au président du tribunal.

Pour son avocat qui précise que sa cliente est soutenue dans son combat par une soixantaine d’habitants du centre d’Estaimpuis, le permis d’urbanisme délivré pour les terrains de padel en 2021 est illégal. « On n’a pas veillé à la compatibilité du projet avec le voisinage », soutient-il en appuyant que le problème des nuisances sonores du padel est à peine effleuré dans le permis octroyé. « Vous pensez que le fonctionnaire délégué a pris la décision sans savoir ce qu’était le padel ? », questionne le juge. « Je pense oui », répond Me Melchior.

 » Pas plus de bruit que dans un bureau « 

En face, la défense du gérant de l’Estaim’Padel Club conteste la demande de démolition des terrains. Pour Me Vandenberghe, elle est tout simplement excessive. Les nuisances sonores ? « Oui il y a des nuisances quand on habite à côté d’un complexe sportif. Mais ce ne sont pas des troubles que l’on peut qualifier d’anormaux, estime-t-elle. Il y a également un terrain de football, une buvette, un club canin… c’est un cœur de village qui vit, on n’est pas au milieu des champs. »

L’avocate du club de padel qui précise que le gérant a fait l’objet de menaces et d’insultes sur les réseaux sociaux, le projet ayant cristallisé les tensions. Elle indique qu’il a pourtant tout fait pour trouver une solution. « Des sonomètres ont été placés à ses frais pour mesurer les nuisances. Ils ont relevé 50 décibels. A titre de comparaison, 50 décibels, c’est ce qu’on mesure dans un bureau. » Le club estaimpuisien de padel était également prêt à investir dans un mur antibruit. Le permis a cependant été refusé. Et aucune nouvelle demande n’a été introduite car ce mur coûte 113 mille euros et qu’il était trop risqué d’investir alors qu’une procédure en justice pourrait à tout moment ordonner la fermeture du club.

Un déménagement à Mouscron ?

Si le tribunal devait considérer que la plainte de la riveraine est fondée, Me Vandenberghe demande au juge un délai. « 24 mois pour permettre au club de déménager ou de construire le mur antibruit. » La piste du déménagement est en effet sur la table.

Les autorités communales d’Estaimpuis qui soutenaient le projet à ses débuts font marche arrière et tentent de dégager une solution. La commune mettrait la main au portefeuille pour racheter la dalle de béton et y installer un accueil extrascolaire, l’intercommunale IEG rachèterait de son côté la structure métallique qui couvre les terrains pour l’installer dans la commune voisine de Mouscron ; la piste de la création de terrains de padel au Futurosport étant sur la table. Ce serait au gérant du club estaimpuisien de financer les frais de déménagement estimés à 175 mille euros.

Pour l’avocate du gérant, il faut laisser une chance à cette solution. « Car si le tribunal devait ordonner la démolition des terrains avant ce déménagement, ce serait la fin du club et la faillite assurée. » Larmes aux yeux, le gérant du club de padel ajoute à l’adresse du juge : « Je n’ai jamais voulu cela. J’ai juste voulu offrir du plaisir aux gens en construisant ces terrains de padel. Aujourd’hui, avec cette histoire, j’ai des difficultés financières, sur le plan familial aussi. C’est dur, c’est dur. »

Le jugement du tribunal de 1re instance de Tournai est attendu le 22 janvier prochain.

Une réponse

  1. Je pense qu’un terrain de PADLE n’a pas sa place dans un quartier résidentiel et aussi proche des habitations ,avec des problèmes de parkings qui existent déjà .Je suis étonnée qu’aucune déclaration de travaux n’ai été affiché ,alors que les travaux ont déjà commencé depuis un mois .

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