Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs,

Depuis 2020, la municipalité poursuit une politique de densification qui dénature notre village, le transformant peu à peu en un simple quartier de banlieue.

Face à l’opacité de certaines décisions, nous avons créé un site d’information. Nous y avons publié des projets municipaux passés sous silence, en nous appuyant sur des sources officielles et sur vos propres engagements électoraux d’avant 2020.

Aujourd’hui, aucune de nos alertes n’a été démentie. Et pour cause : nous n’avons rien inventé. Pourtant, vous avez laissé entendre que nous mentions. 

Vous avez toléré – voire encouragé – des injures publiques proférées par des élus, l’utilisation de faux comptes sur les réseaux sociaux, et exercé une forme de censure.
Lors du conseil municipal publique de décembre, les administrés ont été accueillis par la gendarmerie un déni de démocratie inexcusable .

C’est une négation inacceptable de la démocratie locale.

Notre seul tord est d’avoir diffusé des documents publics accessibles à tous : ceux de l’Agence d’urbanisme, de l’ADEME, du futur PADD (version 2021), du PLH, du NPNRU — rappelez vous que votre projet de PLU a été rejeté par plus de 75 % des Marguerittois lors de vos propres consultations citoyennes.

Nous avions prévenu : densifier sans précaution, c’est aggraver le risque d’inondation. Marguerittes a déjà été durement touchée en 1988, puis entre 2001 et 2003. Les autorités préfectorales vous l’ont rappelé : vous avez dû renoncer à votre projet du Village des solidarités. Plus récemment, le SAGE, l’EPBTB et le commissaire enquêteur ont émis un avis défavorable sur la modification du PLU de Marcieu-Peyrouse, au regard des risques d’inondation.

Et pendant que vous affirmez que les 400 logements prévus sur Peyrouse-Marcieu ne verront pas le jour, vous engagez une procédure de déclaration d’intérêt public pour construire. Une contradiction manifeste

Vous avez urbanisé la zone naturelle du parc Praden, pourtant classée inondable, mettant en danger tout un quartier déjà fragilisé. Vous souhaitez désormais raser la colline du Montrodier — un bassin versant du Bastardet. Cette destruction provoquera inévitablement des ruissellements accrus, surtout avec des études d’impact basées sur des moyennes de précipitation annuelles.

Monsieur Nicolas, vos réunions de quartier ne trompent personne : elles servent de prétexte à une campagne électorale. Nous renouvelons notre demande de moratoire sur les grands projets qui menacent Marguerittes. Et ce n’est pas en utilisant les enfants ou les festivités comme levier de communication que vous ferez oublier vos intentions.

À vos ambitions personnelles, qui peut-être vous font rayonner, mais certainement pas Marguerittes, nous opposons une politique raisonnée.

À votre communication festive — la ville des pissenlits en fête — nous opposons des constats concrets : les circuits courts promis n’existent pas, la ville est sale, les routes dans leur globalité sont chaotiques, l’agriculture locale n’a pas été soutenue, le marché s’est vidé. Les grandes enseignes se multiplient et le petit commerce de proximité est remplacé.

Vous dites vouloir loger nos anciens dans des immeubles. Ce dont ils ont besoin, c’est d’aide à domicile pour rester dans leurs maisons et profiter de leurs jardins. Or, il n’existe aucune structure sérieuse d’aide à domicile à Marguerittes.

Je veux revenir sur le projet de destruction de la colline du Montrodier. Ce site est bien plus qu’un bassin versant : c’est un espace de nature, de promenade, un maillon essentiel de la continuité écologique avec la Combe des Bourguignons. Alors que les modèles climatiques prévoient un réchauffement comparable à celui de l’Andalousie, vous voulez raser une forêt méditerranéenne. Et pour vous donner bonne conscience, vous imposez aux propriétaires de planter un arbre dans leur jardin. Ce serait comique si ce n’était pas aussi tragique.

Vous parlez d’énergie positive. Mais cette énergie ne profitera pas aux habitants : elle sera injectée dans le réseau national. Aucune solution d’autoconsommation n’a été envisagée.

Une holding dans notre parc, une multinationale sur notre colline, mais toujours pas de piscine. Les agriculteurs disparaissent, les petits commerces ferment. Ce n’est pas une ville durable. Ce n’est plus une ville qui rayonne.

Nous voulons vivre dans un village à taille humaine. Le parc Praden devait accueillir un projet familial. Aujourd’hui, nous avons près de 9 000 habitants, toujours pas de piscine, mais des padels : quelle bonne affaire…

Je n’insisterai pas sur les études coûteuses et les deux millions d’euros de dettes si vos projets échouent. Vous n’avez plus le choix : ils doivent aboutir, sinon la Cour des comptes pourrait vous placer sous tutelle. Est-ce cela, votre horizon ?

Marguerittes devient une banlieue comme tant d’autres. Vous favorisez une population encore absente, au détriment de ceux qui y vivent depuis toujours.

10 à 12 000 habitants sur un territoire aussi restreint ? Nous disons non. La natalité baisse. Le Sud devient invivable en été. Il est temps de repenser notre urbanisme. Ce n’est pas en plantant un arbre dans chaque jardin que vous masquerez votre stratégie de densification.

Nous sommes venus à Marguerittes. Nous y avons construit notre vie. Nous nous sommes endettés pour y vivre heureux. Et voilà qu’on nous dépossède de ce qui faisait notre fierté.

Vous installez les conditions d’une fracture. Vous alimentez le terreau des extrêmes.

Marguerittes est aux portes de la garrigue. Nous en sommes fiers. Nous voulons qu’elle le reste.

Ne détruisez pas la trame bleue et verte. Elle mérite d’être valorisée. Dans mon mémoire de contribution, je vous ai soumis des propositions concrètes. Je les maintiens. Si vous voulez nous aider, commencez par écouter.






Aujourd’hui, Monsieur Nicolas, vous êtes candidat à votre propre succession. Vous promettez un nouveau PLU plus vertueux. Mais comment vous croire, après tout ce que vous avez fait, et la manière dont vous l’avez fait ?

Un jour, vous m’avez dit dans le parc : « Moi, je fais de la politique. »

Oui, Monsieur Nicolas. Et vous faites précisément la politique dont les Français ne veulent plus : celle du double discours, des concertations factices, des comités réduits à des animations, des conseils citoyens étouffés dans l’œuf.

Mais nous, citoyens de Marguerittes, nous réclamons autre chose : de la transparence, de la sincérité, du respect.

Et pour Marguerittes, un avenir digne de son histoire, de son territoire, et de ses habitants.

Nous ne sommes pas l’opposition. Nous sommes la voix de ceux qui aiment leur village, qui veulent en préserver l’âme et préparer l’avenir. Avec lucidité. Avec courage. Avec exigence.

Merci.