Analyse et synthèse des  fiches géologiques du BRGM concernant le Montrodier (Marguerittes), plus précisément la carrière dite “Michel Mélange”, enregistrée sous le code national BSS002ETDY.



🧭 1. Localisation et identification

Fiche BRGM : BSS002ETDY — “Michel Mélange 02-A0E”

  • 📍 Commune : Marguerittes (Gard)

  • 📏 Coordonnées Lambert-93 : X = 815 821 ; Y = 6 309 837

  • 🌍 Latitude / Longitude : 43° 52′ 40″ N, 4° 26′ 27″ E
    → correspond à la zone du Montrodier, sur la partie calcaire nord-est de la commune.

  • 🧱 Altitude : ~100 m

  • 🧩 Nature de l’ouvrage : excavation à ciel ouvert (carrière)

  • 🛠 État : accès, non exploitée → carrière abandonnée, réhabilitée en arboretum.


🪨 2. Nature géologique du sous-sol

Stratigraphie principale (selon les coupes BRGM – M152488 / M152490 / V2076)

Niveau Nature lithologique Épaisseur Observations
0 – 0,3 m Terre végétale et calcaire altéré ~0,3 m couche superficielle meuble
0,3 – 7 m Calcaire massif (gris-bleu à café, compact, dur, légèrement argileux, à grain fin) 6,7 m formation dominante
Interlits Marnes fines intercalées de 5 à 8 cm alternance régulière
Orientation Pendage de 20° vers le nord fissuration tectonique marquée
Âge géologique :Hauterivien (Crétacé inférieur) formation du “calcaire urgonien” typique des garrigues  

➡️ Ce type de calcaire est karstifiable (donc favorable aux circulations souterraines d’eau).
➡️ Il constitue l’aquifère calcaire qui alimente notamment la nappe du Peyrouse / Montagnac / Marguerittes.


💧 3. Lecture hydrogéologique

  • L’ouvrage n’est pas un puits, mais une carrière d’extraction : il ne capte pas l’eau, mais il met à nu la roche mère.

  • En revanche, le calcaire fissuré et les interlits marneux favorisent :

    • l’infiltration verticale rapide (eau pluviale vers la nappe) ;

    • la vulnérabilité du sous-sol face à la pollution (absence de barrière argileuse protectrice) ;

    • un drainage karstique orienté vers le nord (direction du Gardon / Peyrouse).

Autrement dit :

le Montrodier est une zone d’alimentation naturelle du captage de Peyrouse,
pas une zone imperméable : toute pollution ou modification du sol s’y propage facilement vers la nappe.

Sources : Nîmes Métropole (Étude AAC Peyrouse, 2022), SAGE Vistre-Vistrenque, DREAL Occitanie

  • Le Montrodier se trouve dans l’aire d’alimentation du captage du Peyrouse, classé captage prioritaire pour l’eau potable (arrêté préfectoral en préparation).

  • Cette zone est identifiée comme zone d’infiltration préférentielle :

    “Le substratum calcaire fissuré du secteur nord-est de Marguerittes contribue directement à la recharge de la nappe exploitée par le captage du Peyrouse.” (AAC Peyrouse, p. 12)

Le SAGE Vistre-Vistrenque impose la préservation de ces zones d’alimentation de toute artificialisation imperméabilisante.
Article 4.2.1 : “Les zones d’infiltration naturelle doivent être maintenues en sol nu, sans imperméabilisation durable.”


⚒️ 4. Exploitation historique

  • Substance extraite : calcaire (construction, gros œuvre, parement, viabilité routière).

  • Mode d’exploitation : à ciel ouvert, petits fronts de taille.

  • Nombre de gradins : 1 (faible profondeur : 7 m).

  • Régularité : exploitation abandonnée (carrière désaffectée depuis ~1968).

  • Exploitant / auteur : D. Baudry (géologue, 1968).

  • Référence BRGM : DSS/INF n° 09652X0101.


⚠️ 5. Implications environnementales et urbanistiques

Enjeu Conséquence au Montrodier
Hydrogéologie Zone d’infiltration directe vers la nappe : forte sensibilité. Toute artificialisation (panneaux photovoltaïques, terrassement, ruissellement) risque d’affecter la qualité de l’eau du captage de Peyrouse.
Stabilité des sols Roches dures mais fracturées → risque de fissuration différentielle en cas de surcharge ou d’imperméabilisation.
Biodiversité Sols calcaires maigres favorables à la flore méditerranéenne patrimoniale (orchidées, cistes, genévriers, chênes verts).
Urbanisme Terrain classé en ZNIEFF et proche du périmètre de protection éloignée du captage de Peyrouse. À ce titre, non constructible selon les principes du Code de l’environnement (L.1321-2 et R.1321-13) et les recommandations du SAGE Vistre-Vistrenque.

🧭 6. Synthèse

Le Montrodier n’est pas une simple colline : c’est une ancienne carrière à ciel ouvert creusée dans les calcaires du Hauterivien, aujourd’hui désaffectée mais reposant sur une formation karstique vulnérable.

Cette structure agit comme une éponge hydrogéologique : tout ruissellement ou pollution en surface (huile, produits chimiques, panneaux solaires mal drainés, routes) s’infiltre rapidement vers la nappe du Peyrouse, captage prioritaire d’eau potable.

En conséquence, le Montrodier doit être considéré comme zone d’infiltration stratégique à protéger, incompatible avec toute artificialisation lourde (centrale photovoltaïque, stockage, terrassements profonds…).


  •  
EXCAVATION-CIEL-OUVERT
Zone de protection du captage de Peyrouse

🔹 Définition générale

Dans le SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux), une zone de sauvegarde désigne un secteur où les ressources en eau souterraine ou de surface sont jugées stratégiques pour l’alimentation en eau potable actuelle ou future.
Elles font l’objet d’une protection renforcée, même lorsqu’elles ne sont pas encore exploitées.


🔹 Différence entre « Secteur enjeu 1 » et « Secteur enjeu 2 »

Niveau d’enjeuSignification dans le SAGEImplications principales
Secteur enjeu 1Zone de priorité forte : captages déjà exploités ou présentant un intérêt majeur immédiat pour l’alimentation en eau potable.Protection stricte, surveillance renforcée, limitation forte des activités à risque (urbanisation, rejets, carrières, photovoltaïque au sol, etc.).
Secteur enjeu 2Zone de sauvegarde complémentaire : ressources d’eau présentant un potentiel à moyen ou long terme pour la production d’eau potable.Protection préventive : les activités y sont encadrées pour ne pas compromettre la qualité ou la disponibilité future de l’eau. Urbanisme et projets industriels y sont soumis à une vigilance accrue.

🔹 Application concrète à Marguerittes / Montrodier

La Zone de Sauvegarde n°1 Lédenon – Marguerittes – Saint-Gervasy inclut :

  • Le champ captant de Peyrouse,

  • Les forages de Saint-Didier, Crève-Caval, Palay, etc.

  • Et des secteurs d’enjeu 1 et 2 délimités selon leur vulnérabilité et leur intérêt stratégique.

👉 Le secteur enjeu 2, dans ce cas, couvre des zones comme Montrodier ou le versant Sud de Marguerittes, où :

  • La ressource souterraine alimente indirectement les captages existants.

  • L’infiltration est importante (zones karstiques).

  • Toute artificialisation (urbanisation, photovoltaïque au sol, déboisement, bassins d’orage mal dimensionnés…) peut altérer le renouvellement ou la qualité des eaux.

☀️ 3. Risques liés à une centrale photovoltaïque au sol

RisqueExplication
Pollution diffuseLes eaux de ruissellement sur panneaux lessivent poussières, huiles de montage, métaux lourds (Al, Zn, Cu). Ces produits sont ensuite infiltrés directement dans le karst.
Érosion et sédimentationLe sol calcaire mince, non stabilisé, favorise le ravinement ; or la carrière a un fond drainant et fissuré. L’érosion transporte particules et hydrocarbures vers les fractures ouvertes.
Absence de barrière argileuseContrairement à un site remblayé ou argileux, le Montrodier n’a aucune couche imperméable pour protéger la nappe.
Modification du régime hydriqueL’installation modifie l’équilibre infiltration/évaporation → risque de concentration des polluantset baisse de la capacité d’auto-épuration.
Effet thermique localLes panneaux réchauffent le sol et peuvent modifier la microfaune du sol (documenté dans les zones semi-arides sur calcaire fissuré).
Sismicité locale / fissurationLes ancrages mécaniques dans un substrat fracturé peuvent provoquer des micro-fissures ou déséquilibrer les fronts de taille anciens.

“Pourquoi le sol du Montrodier est incompatible avec une centrale photovoltaïque”

⚖️ 4. Incompatibilités juridiques et réglementaires

  • Code de la santé publique – L.1321-2 et R.1321-13 :

    Interdiction d’activités susceptibles de porter atteinte à la qualité de l’eau dans les périmètres de protection des captages (ici en préparation).

  • Loi Climat et Résilience (ZAN) : priorité à la réutilisation de friches non vulnérables ; les zones d’alimentation de captages ne sont pas éligibles à l’artificialisation.

  • SAGE Vistre-Vistrenque (2021) : les zones d’infiltration karstique doivent être exclues des projets photovoltaïques.

  • Avis-type MRAe Occitanie sur projets similaires (Boisset-et-Gaujac, Saint-Hilaire-de-Brethmas, 2023)** :

    “Les projets implantés sur substrat calcaire fissuré à proximité de captages présentent un risque hydrogéologique majeur. Une localisation alternative sur des terrains anthropisés est à privilégier.”

🔹 Application concrète à Marguerittes / Montrodier

La Zone de Sauvegarde n°1 Lédenon – Marguerittes – Saint-Gervasy inclut :

  • Le champ captant de Peyrouse,

  • Les forages de Saint-Didier, Crève-Caval, Palay, etc.

  • Et des secteurs d’enjeu 1 et 2 délimités selon leur vulnérabilité et leur intérêt stratégique.

👉 Le secteur enjeu 2, dans ce cas, couvre des zones comme Montrodier ou le versant Sud de Marguerittes, où :

  • La ressource souterraine alimente indirectement les captages existants.

  • L’infiltration est importante (zones karstiques).

  • Toute artificialisation (urbanisation, photovoltaïque au sol, déboisement, bassins d’orage mal dimensionnés…) peut altérer le renouvellement ou la qualité des eaux.

     

    Le projet d’installation de la central photovoltaïque se trouve sur le Montrodier à proximité immédiate du champ captant de Peyrouse. 
    Les dispositions du SAGE s’y appliquent pleinement : toute imperméabilisation, déboisement ou aménagement doit être évalué 
    au regard de son impact sur la recharge et la qualité des nappes. Les projets de centrales photovoltaïques au sol ou de 
    lotissements doivent faire l’objet d’études hydrogéologiques approfondies et respecter strictement les prescriptions du SAGE.


🔹 Conséquence réglementaire

Dans une Zone de sauvegarde – Secteur enjeu 2, le SAGE impose que :

  1. Toute nouvelle urbanisation fasse l’objet d’une étude d’impact hydrogéologique.

  2. Les projets susceptibles d’altérer la recharge ou la qualité de la nappe soient interdits ou fortement encadrés.

  3. Les PLU et SCOT soient compatibles avec ces zones de sauvegarde (article L.212-5-1 du Code de l’environnement).

Le secteur du Montrodier se situe en zone de sauvegarde – secteur enjeu 2, à proximité immédiate du champ captant de Peyrouse.
Les dispositions du SAGE s’y appliquent pleinement : toute imperméabilisation, déboisement ou aménagement doit être évalué
au regard de son impact sur la recharge et la qualité des nappes. Les projets de centrales photovoltaïques au sol ou de
lotissements doivent faire l’objet d’études hydrogéologiques approfondies et respecter strictement les prescriptions du SAGE.

🧭 5. Conclusion:

✅ Les données du BRGM et de l’AAC Peyrouse confirment que le Montrodier est une carrière ouverte dans un calcaire karstique fissuré, directement relié à la nappe du Peyrouse.

🚫 Ce sol ne possède aucune couche argileuse protectrice, ce qui rend toute installation imperméabilisante ou potentiellement polluante inappropriée.

🌿 Le site doit être classé en zone d’infiltration à préserver selon le SAGE et la directive européenne sur la protection des eaux souterraines.

source : http://ficheinfoterre.brgm.fr/InfoterreFiche/ficheBss.action?id=BSS002ETDY

références: 

– SAGE Vistre, Nappes Vistrenque et Costières – Projet d’Atlas 2020, DDTM du Gard, téléchargeable sur le site de la Préfecture du Gard. 
– Site Gesteau.fr : https://www.gesteau.fr/sage/vistre-nappes-vistrenque-et-costieres 
– Code de l’Environnement, articles L.212‑5‑1 et suivants.